Le grand départ, de chez moi.
Dimanche, il est environ 10h00, grand ciel bleu, c'est parti.
Au bout de 10 mètres, le visage de JP se décompose. Au même moment, je m'aperçois qu'il n'a pas de casque....Sacré JP, il en fait des efforts pour conserver sa réputation...
Réouverture de la maison, je lui sors de la voiture mon casque de secours que j'y laisse en permanence...trop petit...perception de mon casque de vélotaf à la cave. Cela convient à Monsieur (en plus il y a un rappel de couleur du même vert que son vélo!!!).
Cette fois, c'est bel et bien parti!!!
Descente par la route à l'Etrat. J'achète une pomme sur le marché. On traverse Saint-Etienne par la grand'rue, bdv Fauriel et on attaque les chemins au Portail Rouge. Pour le moment, c'est comme une sortie du dimanche, le sac un peu plus chargé.
On fait la grande classique montée des barrages. Il commence déjà à faire faim. On fait la première pause casse-croûte dans les Grands Bois, à la jonction avec le GR7.
Fidèle à mes habitudes, je propose la pause café à l'auberge du Grand bois.
Jp, plein d'entrain en cette première journée, en profite pour entamer une petite bourrée auvergnate pour faire rire les automobilistes.
Bien caféinés, nous continuons la route sur ce GR7. Col du Tracol passé, on file vers St Bonnet le Froid (sans y prêter attention, je nous engage sur le gr65 que je prends habituellement sur ce parcours. Erreur bienveillante, le GR7 aurait été très très difficile dans ce sens. On découvre quelques magnifiques chemins inconnus avant d'arriver à St Bonnet. Bien entamés, on se pose en terrasse sur la fameuse place du village. Une mousse, on se moque des camping cars et des quads qui font de St Bonnet une plaque tournante du moteur à explosion... La faim nous tenaille. Passage obligé à la pâtisserie de Régis Marcon, où l'on achète in-extremis les dernières tartines salées. On les avale rapidos devant l'Hôtel 3 étoiles (dommage, plus de chambres dispos).
Nous repartons dans l'objectif de trouver notre premier lieu de bivouac.
On se retrouve finalement au lac de Devesset, espoir d'étape que j'avais gardé secrètement au fond de moi. On y arrive peu de temps avant que le soleil ne se couche.
Allez hop, on se fout vite à poil pour le premier bain. L'endroit est magnifique avec les lumières du soir.
Tout propres, on installe le bivouac, on se couvre, ça caille vite au bord de l'eau. Premier dîner, observation du ciel étoilé, tisane et dodo.
Réveil vers 7h00.
0°C, pas facile de se bouger. On pousse nos affaires à 200m, au soleil, et on lézarde pendant un long moment....avant d'aller quelques kilomètres plus loin prendre un café en terrasse à St Agrève. Repas de midi, ravitaillement pour les 12h à venir, et on continue. Une autre pause verre de Vals au troquet de Fay sur Lignon (dur dur, ce deuxième jour) et on se lance dans l'ascension du Mont Meyzenc. La fin se fait à pied, le panorama à 360° est grandiose.
La descente est très amusante, enchainements de virages serrés autour des arbres, un vrai bonheur. Le Tomac est un régal sur ce type de chemins.
Il est temps de penser à poser le bivouac.
On cherche...On croise la Loire (ici elle n'est qu'un gros ruisseau). On lui fait un gros câlin en guise de toilette. On repart en quête du lieu de bivouac, mais on ne trouve pas. Finalement on arrive au village de Sainte Eulalie. Le camping est fermé, mais la barrière ouverte...on se permet un squat en tout bien tout honneur. Installation, dîner, étoiles, dodo.
Réveil frigorifiant. On démonte et on pars au village pour les courses. En attendant l'ouverture des commerces, nous allons profiter de la chaleur du bar local et des discussions passionnantes des locaux... Jean Philippe questionne la tenancière sur l'histoire du bâtiment. Il reste dubitatif sur la version qu'elle lui expose (têtu le garçon?).
Les commerces ouvrent. Sacs remplis de bouffe, on décolle.
Le chemin nous amène à traverser la Vestide du Pal, un des plus beau et des plus grand cratère de maar d'europe.
On arrive petit à petit vers des paysages cévenols, avec notamment le chevauchement d'une crête magnifique (mais raide...).
Le déclin du soleil ayant bien démarré, nous arrivons à un lieu qui sent bon le bivouac: La Felgère, qui fût le lieu de construction d'un monastère, précédant celle de l'actuelle Abbaye de Notre dame des neiges. Ça sent les forces telluriques à plein nez. N'ayant pas assez de flotte, on fait l'aller retour à l'abbaye pour remplir les gourdasses. Toilettes à l'africaine avec très peu d'eau dans les gamelles, et installation du bivouac. On se sent vraiment bien ici.
P'tit déj, rangement du paquetage, on décolle.
Descente à la Bastide, ravitaillement pour le midi. Direction, notre ami le Mont Lozère.
On arrive au Bleymard, café, ravito pour le dîner et le déjeuner suivant (erreur fatale que la suite nous apprendra).
On attaque la montée du Lozère. Elle se fait bien tranquillement. On fait de l'eau à la station de ski, puis direction le col de Finiel. Après un arrêt mécanique, on passe le col, et on s'engage dans la forêt. Crevaison de JP, puis recrevaison de notre ami qui perd confiance. On attaque la descente. Elle est technique avec des blocs pierreux. Magnifique, même si la fatigue et le chargement la rende compliquée. On débouche sur un vallon ouvrant sur une vue splendide, avec un cours d'eau parfait pour le bain. Je motive JP à faire le bivouac ici. Un peu bougon au début, il finit par trouver le coin plaisant.
La nature donne ici toute sa force. L'eau, le vent, la pierre, la végétation, les bruits des animaux, une immersion fantastique au cœur de notre mère commune.
Lendemain matin: lovés dans nos tentes, un cerf nous réveille de son brâme, inoubliable.
Vitalisés par l'endroit, nous partons pour cette belle journée. Nous reprenons la super descente et débouchons sur le hameau de Salarial. Un endroit isolé comme on en voit rarement.
Le Gr7 se poursuit vers le Pont du Tarn, dans un paysage très touchant.
Le sud du Mont Lozère est probablement le paysage qui me touche le plus de ceux que j'ai pu voir pour le moment sur cette planète.
Le chemin nous amène petit à petit sur des pistes de schistes.
Vers 12h00, nous arrivons au col de Jalcreste. Un bar-restau nous permet une pause panini salvatrice. Le tenancier a un visage connu. Son accent marseillais le trahis: il s'agit du patron du gîte du Calbertois, où nous avions logés lors du Raid Stevenson. (Il vient de racheter l'établissement suite à un incendie....marseillais un jour....).
On repart dans le schiste; montées raides, descentes raides. Les plaquettes chauffent, les pneus sont mis à l'épreuve. Crevaison de Jean-Phi. Il n'arrive pas à utiliser ma pompe et la critique. Je lui fait une démonstration un peu tendue (je n'aime pas que l'on critique mon matériel.)
On retrouve une grande piste roulante, ça fait du bien de rouler. Après avoir remis sur le droit chemin des marcheurs francs-comtois (allez Sochaux!) ne sachant pas lire une carte, on rejoint la route qui va nous mener à Barre des Cévennes. C'était notre objectif du jour. Etant bien en avance sur nos prévisions, on sent le Mont Aigoual s'approcher à grand pas. C'est donc plein d'entrain que l'on arrive à Barre, à la recherche du ravitaillement indispensable pour la suite.
Première traversée du village...Rien.
Deuxième traversée...Rien...la ruelle du bas...Rien.
JP demande à un autochtone: "on est les premiers embêtés, mais il n'y a plus rien ici, le plus proche c'est Florac à 15km".
BARRE DES CEVENNES, LA TRAHISON.
On ne peut pas continuer sur le GR7 sans nourriture. Seule issue, descendre à Florac par la route.
La descente avec vue sur le causse Méjean est superbe.
On arrive à Florac. La douceur de vivre est palpable ici. Les babosses ont envahis le quartier. On se pose au bar, une mousse, avant d'aller au camping. Une douche (tiens c'est pas mal comme truc), un apéro avec un vieux gentil-fou hollandais, et on part s'offrir un dîner en ville.
Après réflexion, la meilleur option pour la suite (contrainte de temps oblige, on doit être samedi soir à Montpellier), est de monter l'Aigoual par la route (40km) et d'y récupérer notre GR.
C'est ce que nous faisons. La montée est belle. Je regrette fortement mon choix de pneus de tracteurs, certes indestructibles, mais complètement inadaptés sur route. JP, vole devant tel un busard Saint martin en pleine chasse.
Arrivés au sommet, nous surfons sur une mer de nuage impressionnante.
Nous profitons de la vue, laissons nos destriers se reposer en profitant du saloon.
Requinqués, on repart l'eau à la bouche pour la descente.
Le début descend un peu, remonte, refait du plat.
Commence ensuite une descente absolument superbe, dans la caillasse.
Pas du tout en confiance, je fais une grosse partie à pied derrière JP qui survole les obstacles. Je ne suis pas dedans, et ne veux pas prendre de risque. On croise une route. Sans savoir pourquoi, mon amour-propre reprend brutalement le dessus. Concentré, je me lâche; retrouve mes repères, et prend un plaisir fou à chercher la meilleure trajectoire dans cette descente jouissive. Un plaisir de pilotage qui semble infini tellement la descente est longue. Infinie...mais qui se termine, avec une branche bien cachée qui accroche mon guidon. Je passe par dessus le guidon et tombe dans la caillasse. Zut! vexé, je me relève rapidement pour constater les dégâts. Le genou gauche est un peu ouvert, mais rien de grave. Je mets mon tour de cou en guise de genouillère pour ne pas mettre du sang partout.
Et ça repart.
On arrive au village du Vigan.
J'ai bien mal au genou. Le doute m'envahit quand à la suite. Vais-je pouvoir vraiment pédaler. On évoque les options alternatives de retour.
Je rentre dans une pharmacie acheter une bande, histoire de faire un truc propre.
La vision du milieu médical me mets un coup de fouet. Je me sens vivant et chanceux d'être en bonne santé,
petite pensée pour mon pote Romain disparu en décembre dernier. On va se le finir ce raid!!!
Je sors, exprime ma détermination à Jean-Phi.
On passe au supermarché faire le ravitaillement, et on décide de finir en nocturne pour aller prendre le bain au cirque de Navacelles.
Une montée de 400m de dénivelé pour arriver sur le plateau, du plat, puis la descente sur Navacelles. On arrive au fond de ce trou grandiose. JP est aux anges. Je n'arrive plus à partager le plaisir d'être là, trop mal.
J'espère que la nuit sera réparatrice.
Elle fût douloureuse.
Le matin, j'arrive à peine à marcher. Je range mon matos sur une jambe et pars en avant pour ressortir du fond de cette magnifique vallée. Jp en profite pour visiter le village et me rejoint ensuite.
Le reste ne sera que souffrance.
Le moment rigolo sera le tractage par Jean Philippe Ferguson: 2 chambres à air nouées en guise de corde, un bon tracteur, et le col du Vent est passé comme une lettre à la poste.
S'en suit une très belle descente. On arrive à Montpeyroux. On y trouve un arrêt de car, avec une ligne pour Montpellier (merci aux chauffeurs compréhensifs nous ayant permis de mettre les vélos en soute. Dans le cas inverse je les aurai égorgés...)
Après le car, le tramway, on arrive à la gare de Montpellier. Par bonheur, il reste des places avec vélos, on peut avancer nos billets. 4 heures à patienter: bières, pizzas, le tout en observant la population locale. Les plaisirs citadins succèdent aux plaisirs de la pleine nature, sans la même saveur tout de même. TGV, Lyon part dieu, Chateaucreux, la zeveloshop-mobile nous attend avec sa pilote de charme. Retour à la maison (quel soulagement...).
Merci Jean-Philippe pour le partage de ces très bonnes (et moins bonnes) tranches de vie gravées dans nos cerveaux.
Prochain rendez-vous: aller se refaire cette supermégabonne descente de l'Aigoual, et celle de St Guilhem que l'on a pas pu faire!!!!!!!!!!!!
Cette fois, je porterai des protecs!!!