La Geobike, c'est la vraie vie!
En exclu mondiale, la version du dernier finisher:
Finir dernier, ce n'est pas le fruit du hasard; ça se prépare
En août, un tour d'Ecosse un peu rapide m'avait abîmé un genoux. Tendinite?
J-15, dans le Pilat avec Fred, J'avais senti des « choses »... 3 jours + tard, genoux enflé, montée d'escaliers difficile! Le doc supposera des rotules placées trop hautes... ou bien la selle? Pas de restrictions pour le défi, juste des cachetons...
Mettant toutes les chances de mon côté, j'oublie 2 repas chez moi: les pâtes du vendredi soir et le repas du samedi soir. En dépannage, ce sera magret courgettes pour le dîner d'avant course et 2 casse-dales préparés par l'Hôtel pour le lendemain soir.
Samedi. G'ringot ne se fie guère au ptit déj diététique. Lui a son Muesli.
Départ. Dès la 1ère côte, Je suis aux avant-postes avec G'ringot. Les bordelais, plutôt rouleurs, jointent. On passe un peu devant Guillaume. Une erreur de navigation le place en pôle.
Les bordelais sont maladroits en descente. Je les passe, persuadé de rejoindre le Boss sous peu. J'accélère dans la montée du Larzac, grimpant comme dans la dernière côte du dimanche matin.
Hélas, à une jonction, je me perds. Equipé du GPS de l'orga, celui ci n'a pas de fond de carte. Seule l'arrivée tardive des bordelais me décoincera. Dégoûté d'avoir zélé pour rien. Gringot doit être bien loin...
Je forme un duo sympa avec un Camber Evo 29'' surmonté un homme aussi doué que moi au GPS mais aux performances proches. Nous rouleront ensemble jusqu'à 2h du mat.
Du plat sur le Larzac. C'est long, parfois.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:Paysage_du_Larzac.jpg
Au milieu de ce désert aux rochers chaotiques, la Couvertoirade est un oasis. Des pierres carrées bien rangées, des rues pavées, quelques gens souriants.
http://www.gites-lac-salagou.com/images_photo/Village_de_La_Couvertoirade_280_lightbox.JPG
Par la suite, une partie plus technique permet de jauger mon coéquipier: il va vite. Son 29'' me lache dans les faux plats descendants. C'est sympa de rouler en accord. C'est sa 3e geobike; il connait les points d'eau, les difficultés.
J'attendais avec impatience la plongée dans les gorges de la Vis. Je ne m'imaginais pas un tel fossé, comme seule l'eau dans le calcaire sait les creuser.
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La descente annoncée comme technique, tient ses promesses. L'entame, pentue, fuyante, défie de rester sur sa monture. Les 1ères épingles bloquent. Les suivantes passent mieux, je me permets même de contempler les 300m de vallée sous nos pieds. En bas, le sentier de la rive de la vis est ludique. Mon binôme impose une pose. Plus fatigué que je ne le pensais, les genoux se font sentir. De retour sur le sentier, BRRRRR... on se fait doubler par une dameuse à pédales, le Fat single de Yann! Etrange équipage
Remontée au 1er refuge. Poussette. La nuit tombe avant d'arriver, à 20h. Surprise, seul Gringot est devant et il est toujours là. Retadé par son estomac exigeant, il tente de l'apprivoiser en lui convoyant des pâtes depuis une heure déjà. Machine à convertir pains et pâtes en coups de pédales, je le reconnais à peine. Parlant peu, comptant ses gestes, il a le regard vers la victoire
Fatigué, je n'ai pas faim. Je me force à manger. L'estomac ne fonctionne pas
Arrivent Yann, les bordelais. Guillaume repart avec Yann; je monte mon duo Halogène pour la 1ère partie de la nuit. Mon ensemble à diodes m'attend au 2nd refuge.
Montée de St Guiral. L'estomac gonfle, je manque de vomir 2 fois. Hoquet sans fin. Les genoux ne m'encourageant guère, je pense même à faire demi-tour pour abandonner. Soutenu par mon coéquipier, j'entame la descente sur Dourbies, cassante à souhait. Je désespère des perfs de ma frontale, anormalement faibles. Je suis mon collègue au plus près pour profiter de son éclairage et de sa trace
La longue remontée de Dourbies me décide: je mettrai fin au calvaire à Camprieu. A la redescente, on se perd un moment; le compère jure au milieu des bois. On a hâte d'être en bas
2h. Camprieu. Le gymase refuge a été transformé par les logisticiens bordelais en véritable cantine.
Je m'abandonne dans le duvet
4h. Mon compagnon du samedi décolle. Je ne bouge pas. Comble de sa bonté, il me laisse à manger.
6h. Les yeux écarquillés, j'ai faim. Je mange. Pleine forme. Ya moyen de la finir, cette geobike!
Je repars seule dans le noir, diodes plein gaz. Le col de l'Aigoual est une formalité, malgré quelques errements et les genoux toujours sensibles. Le jour s'est levé. Descente de Meyrueis, de belles sentes s'enchaînent. La trace me pose des énigmes que je résous laborieusement.
Je gravis le Méjean sous une pluie accueillante; la vue est charmante. Les courbes velues du Causse apaisent l'esprit. Je n'ai que des biscuits pour midi.
http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/d/d0/Causse_Mejean%2C_Cevennes_National_Park%2C_France.jpg
Finir sans emmerdes aurait été trop simple! Dans un trou sans nom, je m'égare; trace improbable, balisage foireux; la patience s'use, le temps passe. Gros besoin d'un coupe-coupe! 14h. Je tourne même en rond, prends la trace à l'envers. 14H30. Pressé de finir dans les délais, je m'agace, rêve de bitume. #?♪¿
# de traceur!!
15h, enfin, la descente des Vignes.Puis 1h pour le sentier ultime, technique, grisant à pleine vitesse, aux trajectoires par moments engagées où le vide guette. Malgré l'envie d'en finir, c'est un grand moment. En bas d'une descente, la trace merde. Des maisons. Le Rozier? Je ne réalise pas tout de suite. S'arrêter? J'étais pourtant bien parti!